3 mars 2013

Photos de nuit ou en atmosphère sombre

La photo de nuit, au crépuscule ou en atmosphère sombre présente de véritables difficultés que le photographe d’architecture ne peut maîtriser qu’avec beaucoup d’expérience et de savoir-faire.

La nuit, les hautes et basses lumières présentent des amplitudes largement plus importantes que vous ne le pensez. Notre cerveau, qui a une capacité à s’adapter, nous les fait percevoir avec beaucoup moins d’écart qu’il n’y en a en réalité.
Idem pour les variations colorimétriques que le cerveau corrige constamment pour notre confort.

Très souvent vous aurez dans votre cadre une source de lumière, (éclairage, maison illuminée, lune, néons…) qui créera un écart de luminosité entre les parties claires et sombres plus important que de jour.

Dans ces conditions, contrairement à ce que l’on pourrait croire, nos boîtiers «de plus en plus intelligents» présentent des lacunes.
En effet, pour analyser la lumière, nos appareils sont équipés de capteurs en lumière réfléchie (par opposition avec une analyse en lumière incidente calculée par exemple avec une cellule à main munie d’un dôme hémisphérique).
C’est là que les choses se compliquent.
L’analyse en lumière réfléchie de votre sujet est source d’erreur.

La lumière captée étant celle que reflète le sujet, vous imaginez bien que le résultat sera différent, selon que le sujet sera blanc, noir ou gris (pour une luminosité pourtant identique) !

Pour compenser, votre boîtier fera donc appel à des algorithmes complexes ainsi qu’à une bibliothèque embarquée géante dont il tentera en temps réel de rapprocher les images à la situation rencontrée de façon à optimiser son réglage.

Photographe architecture Paris : la photo de nuit

La plupart du temps le résultat en plein jour est parfaitement acceptable comme base de départ, mais dans les situations un peu extrêmes comme lorsqu’il fait vraiment sombre…
Il détecte vite qu’il s’agit de la nuit ou d’un lieu faiblement éclairé, mais ensuite il sera en difficulté.
Sans compter que vous-même, face à une même scène, pourrez préférer opter pour des rendus différents.

C’est là que le véritable travail du photographe d’architecture commence.
Evaluer les écarts d’éclairement, analyser les différentes sources colorimétriques, choisir le type de rendu. Eviter de faire «exploser» les zones claires ou de «boucher» les zones sombres. Faire ressortir les sources lumineuses…

Pour les écarts de luminosité, j’utilise deux méthodes. Soit l’intégration de plusieurs images prises à des éclairements différents (c’est ce que l’on appelle le HDR – High Dynamic Range).
Soit une seule image bien choisie et travaillée dans les zones claires et sombres en post production pour y faire ressortir les détails (sans perdre trop en contraste, c’est une des difficultés).

Le photographe d'architecture de nuit

Pour les sources colorimétriques, je suis souvent amené à modifier individuellement les couleurs ou les températures de couleurs de chaque source.

Pour les modifications de perspectives, je les corrige souvent en 2 fois, à la prise de vue avec des optiques à décentrement et à bascule et une de nouveau en post production avec des logiciels dédiés.

Les compétences du photographe d’architecture de jour comme de nuit seront donc des capacités d’observation, d’analyse et d’interprétation.

Il devra modifier les données «brutes» de la photo en les réinterprétant. De cette façon il se rapprochera de la sensation perçue au moment de la prise de vue. Mais il s’agira bien d’une interprétation, plus ou moins réussie.
Quoi qu’il en soit, au moment de la prise de vue, il faudra avoir à l’esprit la préparation de la post production.

Un conseil pour finir, pensez à emporter une lampe de poche ou une lampe «spéléo». Si elle fonctionne à piles, vérifiez avant de partir que vous avez un jeu d’avance. Si votre boîtier donne ses infos à travers des fenêtres qui peuvent s’éclairer, votre sac, lui, restera dans le noir.