Un photographe d’architecture doit maîtriser des techniques de prise de vue complexes et posséder un matériel de grande qualité, très diversifié et très spécifique.
Passons en revue les différents outils dont il dispose et les pièges qui s’y attachent.
Les super grands-angles permettent des vues d’ensemble fantastiques mais sont difficiles à maîtriser dans cette discipline. Ils peuvent si l’on n’y prend pas garde générer des déformations très gênantes principalement au niveau des deux tiers de l’image en allongeant considérablement ce qui s’y trouve.
Ils peuvent également faire quasiment disparaître des éléments primordiaux de la vue. Un super grand-angle relèguera tout ce qui se trouve un tant soit peu éloigné à de minuscules éléments, ce qui peut dans certains cas porter préjudice à la réalisation que l’on veut présenter. Les déformations en «barillets» sont en revanche faciles à corriger avec un bon logiciel de retouche.
Attention au «flare» également plus sensible sur les verres bombés de ces optiques qui formera des taches vertes de taille décroissante au beau milieu de l’image ou une photo « laiteuse » si vous n’y prenez pas garde.
Les optiques à décentrement et bascule sont de petits bijoux (leur prix y fait penser aussi) de technologie qui permettent par exemple de mettre en exergue le travail du sol ou de l’éclairage, en ajustant la hauteur de l’image pour voir plus de plafond ou plus de sol tout en conservant des lignes droites. Elles permettront de choisir le meilleur angle de vue et d’ajuster son cadre soit en horizontal soit en vertical. Elles permettront également d’apporter une profondeur de champ maximum à qui sait correctement exécuter un «scheimpflug». Mal maniées, ces optiques de compétition vous desserviront plus qu’autre chose. Attention donc à doser les réglages judicieusement surtout quand on emploie la bascule et le décentrement en même temps. Mon conseil: sous-dosez légèrement la correction «idéale» pour conserver un aspect réaliste à la photo, vous pourrez toujours finaliser au moment de la post production avec un logiciel approprié.
Avec la macrophotographie, ses optiques particulières et exigeantes, on s’attachera à rendre visible les plus petits détails.
La difficulté résidera dans le manque de lumière que de longs tirages provoquent. Des «bouger» liés aux basses vitesses d’obturation et au fort grossissement ne manqueront pas d’apparaître au moindre mouvement, même avec des optiques stabilisées. Ne faite pas l’erreur pour autant de trop ouvrir votre diaphragme car la profondeur de champ à ces forts grossissements deviendrait «ridicule», voire ingérable.
Les photos panoramiques peuvent s’obtenir de plusieurs façons mais demandent en tout état de cause une grande rigueur à la prise de vue pour obtenir de bons résultats en très haute définition.
Il faut prévoir un sujet sans mouvement. Calculer un chevauchement de chaque image suffisant. Rester droit durant le panoramique. Bien calculer son nombre d’images, bref pas si simple.
La définition des photos de plus de 100 Mo permet d’obtenir de très fins détails, mais en contrepartie demande une maîtrise parfaite à la prise de vue comme à la post production pour tirer le maximum de ces images. La moindre faiblesse d’un objectif sera immédiatement répercutée. La multiplication des pixels de petite taille sur les capteurs augmente le risque de «bouger». Le temps de post production en retouches de dépoussiérage est allongé à cause des détails qui apparaissent plus précisément et demandent un nettoyage plus poussé et d’une façon plus générale on perd en contraste et souvent en colorimétrie.
Les téléobjectifs (pour certains détails d’extérieurs) peuvent «tasser» les perspectives. Ils présentent surtout l’inconvénient majeur d’être lourds et encombrants pour seulement quelques vues par reportage. J’avoue que je cherche souvent à ne pas les emporter ou à les remplacer lorsque c’est possible. Par quoi ? Eh bien l’une des règles de base du photojournalisme, «s’approcher de son sujet».
J’ajouterai 3 autres éléments qui concernent le matériel emporté :
– Le pied : ne faite pas l’erreur d’emporter un pied léger sous prétexte que les fabricants savent les construire. Vous devez adapter taille et poids du pied en fonction de ce que vous allez mettre dessus pour que l’ensemble soit stable.
– Les batteries: n’hésitez jamais à en prendre une de plus. Il vous en faut toujours au moins une d’avance (voire 2 par temps froid). Emportez un chargeur et, si vous êtes comme moi, une source supplémentaire d’énergie alimentée par piles standard que vous pourrez trouver dans n’importe quel aéroport ou pays du monde (ou presque).
– Le sac : les sacs devrais-je dire, au moins un pour le pied et un ou deux pour le matériel de prise de vue et l’ordinateur portable, disques durs, fils multiples, brosse à dents…. La taille dépend de l’endroit où vous allez. Si vous prenez l’avion, pas le choix vous devez avoir un sac «cabine international» (55x35x25cm). Hors de question de mettre votre matériel de prise de vue dans la soute ! Pour le pied, de toute façon vous n’aurez pas le choix non plus si vous partez de Paris, on vous le mettra systématiquement en soute. En revanche à votre retour vous pourrez négocier de l’emporter avec vous en cabine, pensez à le faire vous gagnerez du temps à l’arrivée. Sinon à dos, à roulettes ou non c‘est vous qui choisissez. Bien que plus confortables pour votre dos, les sacs à roulettes sont plus sujets aux coups et aux secousses.
Sur ce sujet lisez l’article « Prendre l’avion avec du matériel photo ».
Un dernier conseil, emportez un niveau à bulle que vous placerez sur votre boîtier fixé sur la grille du flash. Les niveaux intégrés au pied ou au boîtier ne donnent pas toujours le même résultat. Pour autant, vérifiez visuellement et corrigez ce qui ne vous paraît pas droit, même si vous vous trouvez en décalage avec vos niveaux. Il vaut mieux parfois une sensation de rectiligne, qu’un cadrage froid et sans âme.
Voici un tour d’horizon rapide des outils les plus couramment employés en photographie d’architecture et les quelques galères qui peuvent vous guetter. Rien d’exhaustif, dites-vous que tant que vous n’aurez pas fait toutes les erreurs (ou presque) possible, vous ne serez pas totalement «opérationnel». C’est aussi cela un professionnel spécialisé, une somme d’expériences et de connaissances mises au service du bon déroulement des prises de vues.
«La connaissance s’acquiert par l’expérience, tout le reste n’est que de l’information» Albert Einstein